Dans son costume sombre ouvert sur une chemise blanche proprette, son visage rond abrité sous un chapeau à larges bords , Pete Doherty a l'air d'un prêcheur mormon lorsqu'il s'avance sur la scène des Nuits Secrètes. La foule hurlante, trop heureuse qu'il ait failli à sa réputation de lâcheur en venant donner ce concert gratuit, semble bien prête à recevoir de sa bouche n'importe quel sermon. Pete, en tous cas, niveau alcool n'a pas fait vœu d'abstinence comme l'atteste sa façon de tituber jusqu'à sa guitare.
Instant d'angois
Mais non. Honni soit qui mal y pense. En dépit de ses yeux hagards et de son équilibre précaire, Pete se raccroche à sa guitare comme un désespéré à un branchage surplombant l'abîme. Et sort un accord magistral d'une traite. Pire, sur certains titres, il n'est pas loin de jouer comme un dieu. Et c'est là qu'on tique.
Parce que ce junkie qui ne ressemble positivement à rien en devient beau en deux coups de guitare. Oui t'es beau Pete, avec ta trogne bouffie et ton air de n'en avoir jamais rien à foutre. T'es beau, parce qu'à t'écouter l'évidence nous frappe : "Bon sang, ce type a un putain de talent !"Et l'on se prend soudain à imaginer ce que tu pourrais faire si t'arrêtais de te déchirer la tronche cinq minutes. Oui, t'es beau, t'as du charisme, Pete, et tu fais chier.
T'es beau parce que te regarder, c'es
C'est à peine si le rockeur se vautre dans l'intro de The Needle and The Damage Down, de Neil Young, avant de renâcler comme s'il était tout seul et de recommencer comme si de rien n'était, sans un couac cette fois.
Here comes the Delivery
L'ombre du micro
>C'est peut-être pour cela que l'avant dernière chanson de son set, Fuck Forever, lui va si bien... Les groupies ne s'y trompent pas d'ailleurs, qui lui hurlent : "Fuck me forever, Pete !"
Il nous laissera pourtant, ayant littéralement bu son vin jusqu'à la lie, après un envoûtant Salomé. Avec le sentiment d'avoir assisté à une performance unique, la chute de la maison Usher en direct live. Putain, Pete, tu fais chier.